Réflexions sur la journée nationale de la vérité et de la réconcilisation

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation nous invite tous à un moment de réflexion. Je réfléchis aux générations d’enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui ont été arrachés par une violence étatique sans équivoque et remis aux pensionnats. Je pense à ceux qui ne sont pas revenus. Je pense aussi aux survivants. Je pense aux générations qui suivent les survivants et qui portent avec eux les rêves et aspirations renouvelées de leurs ancêtres. 

Cette réflexion doit porter non seulement sur notre passé, mais également sur notre avenir. Il importe de réfléchir à l’avenir que nous souhaitons léguer à nos enfants, au pays que l’on souhaite voir demain et aux étapes à franchir pour y arriver.

Aujourd’hui, je réfléchis à la façon dont nous reconnaissons les dures vérités et soulignons la présence d’injustices intergénérationnelles. Je réfléchis à comment nous allons bâtir nos sociétés respectives avec l’esprit déterminé de forger les alliances nécessaires pour y arriver. Je réfléchis à comment nous pouvons soutenir les peuples autochtones dans leurs processus de renouvellement et de réappropriation de leurs langues, de leurs cultures, de leurs histoires, de leurs spiritualités, de leurs territoires et de leur gouvernance et leur autonomie.

« L’éducation nous a mis dans ce pétrin », a déclaré le juge Murray Sinclair lorsqu’il a publié Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir. « Mais l’éducation est la clé de la réconciliation. »

Notre vision à l’Université de Sudbury en est une d’autonomisation : l’autonomisation des peuples, nations et des sociétés qui composent ce vaste pays. C’est une vision de la guérison et de la réconciliation. C’est une vision de gouvernance autonome, de respect mutuel et de collaboration. Cette université est vouée à une approche tri-sociétale de l’éducation pour la prochaine génération de jeunes francophones, francophiles et autres, car ce sont eux qui rempliront la promesse de bâtir un avenir meilleur.

Nous demeurons honorés par notre partenariat historique avec Kenjgewin Teg, un établissement d’enseignement dirigé par et pour les Autochtones situé dans la Première Nation de M’Chigeeng, à Mnidoo Mnising (Île Manitoulin). En leur transférant les connaissances et la propriété intellectuelle des cours en ligne sur les études autochtones qui étaient auparavant offerts par l’Université de Sudbury, nous soutenons les peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis sur la voie de l’autodétermination dans l’enseignement postsecondaire.

Je songe aujourd’hui à mon enfant lorsque je lui lis de Maageesees Maskwameek Kaapit (Un renard sur la glace), cette œuvre de Tomson Highway. À comment je lui raconterai un jour l’histoire du chandail orange de Phyllis Webstad – et pourquoi il est important de le porter aujourd’hui comme un acte d’engagement personnel envers la vérité et la réconciliation. Un jour, je lui transmettrai mon exemplaire lourdement usé de The Inconvenient Indian, où je lui ferai part de ce que j’ai appris du « Curious Account of Native People in North America » de Thomas King.

Aujourd’hui, je réfléchis et je vous invite à vous joindre à moi afin de faire le point sur le parcours et le travail difficiles qui nous attendent pour reconnaître la vérité du Canada, ainsi que de prendre acte du chemin de la réconciliation. Il s’agit d’un chemin que nous devons tous prendre, ensemble, avec les sociétés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

Aujourd’hui, nous devons réfléchir à la façon dont nous bâtissons un pays meilleur, en reconnaissant nos responsabilités collectives ainsi que la légitimité de nos projets sociétaux respectifs qui, eux, nous rendront plus forts. Aujourd’hui, je réfléchis à la façon dont nous devons aspirer à bâtir un meilleur avenir, et à la façon dont chaque action nous permet de réaliser cet objectif : celui de faire le pont entre le passé, le présent et l’avenir que nous souhaitons pour les générations futures.

Aujourd’hui, nous allons de l’avant collectivement – aux côtés des nations autochtones de ce territoire et d’ailleurs.

Chi-miigwetch.

Serge Miville
Recteur et vice-chancelier
Université de Sudbury